Un lycée au Pays de Vie
Lundi 10 mars 2014, Bernard Violain, entouré de ses colistiers, a posé la première pierre du lycée public qu'il est urgent de construire dans le Pays de Vie.
Dans une intervention de quelques minutes, il a précisé ce que devrait être pour lui,le lycée du 21ème siècle.
C’est un acte symbolique fort. Nous posons aujourd’hui la « première pierre » du lycée public du Pays de Vie.
Pourquoi avoir choisi cette « Place des Droits de l’Homme » pour exiger la construction de ce lycée public du Pays de Vie ?
La raison en est simple :
L’éducation et la formation tout au long de la vie ne peuvent s’envisager comme étant imposées par le marché, imposées par la conjoncture, mais au contraire comme résultant de l’exigence d’augmenter le niveau des savoirs et des connaissances pour tous.
L’éducation est une question politique d’envergure car elle touche de grands enjeux de société.
Pour nous, le lycée du 21ème siècle doit se construire sur l’idée que l’on se fait du citoyen et de sa place dans le Monde d’aujourd’hui. Voila pourquoi nous proposons que ce lycée forme les jeunes et qu’il forme aussi les adultes. C’est ce que j’avais expliqué au Président du Pays de Saint Gilles qui avait eu une oreille attentive.
Nous nous inscrivons dans une démarche volontariste, mais pas dans une démarche imposée. Tout ceci doit se faire par la concertation.
Pourquoi ?
Parce qu’il ne peut y avoir de formation tout au long de la vie « réussie » sans une formation initiale de haut niveau. La formation continue doit partir des connaissances et des savoirs acquis. Elle a pour vocation d’élargir le potentiel, de favoriser l’augmentation de la culture générale.
Dans notre programme municipal, nous faisons de l’emploi dans les PME, dans l’artisanat et le commerce, notre toute première priorité. Une bonne formation initiale et continue est un des moyens de relever ce défi de l’emploi.
Le lycée que nous proposons et pour lequel nous allons nous battre, avec d’autres, répond donc à l’idée que nous avons de tous les Droits de l’Homme. Le droit à une formation de haut niveau, Le droit à la dignité. Le droit à un emploi qualifié.
Partant de ces considérations, nous mettons en avant quatre raisons essentielles qui justifient la construction d’un nouveau lycée public et polyvalent, en Vendée, avec des formations allant jusqu’à la Licence professionnelle.
Quelles sont ces quatre raisons ?
- Tout d’abord il faut satisfaire à l’exigence d’une formation de qualité pour tous les jeunes.
Près de 30% des jeunes de notre département ont un CAP ou un BEP, contre 23% au niveau national. A contrario seulement 9% de ces jeunes possèdent un diplôme de niveau supérieur, contre 13% au niveau national. Ceci s’explique, sans doute, par l’importance de l’apprentissage, par la culture industrielle, par la rivalité scolaire entre public et privé.
- Ensuite, il faut prendre en compte la situation des jeunes eux mêmes.
Notre département se distingue par la place qu’occupe l’industrie, avec un réseau de PME assez développé. Les chefs d’entreprise sont à l’affût des « meilleurs compagnons ». Ils n’hésitent pas à les faire sortir du système scolaire très tôt. C’est ce qui explique le poids de l’apprentissage. La part d’une génération qui accède au niveau V, c'est-à-dire le niveau CAP, par la voie scolaire est parmi la plus faible de France. Ce qui pose un réel problème pour le développement du territoire. L’école, en Vendée, fonctionne trop en relation étroite avec le milieu économique, avec les exigences du patronat.
- Il faut aussi relever le défi de l’environnement éducatif.
Trop de nos jeunes passent un temps excessif dans les transports scolaires. Les conditions d’études ne sont pas optimales. Et ceci a un coût. Un coût social. Un coût économique.
Un lycée ici permettrait d’inciter les jeunes ménages à s’installer durablement dans la commune.
- Il y a aussi l’enjeu démographique.
Ce secteur de la Vendée, des Sables d’Olonne jusqu’au Sud-Loire, connait une progression conséquente de familles qui ont fait le choix de s’installer dans ce secteur. Une étude, que j’avais commandée en 2010, faisait apparaître qu’il y avait entre 800 à 1200 jeunes scolarisables dans le second degré, et qui n’étaient pas passés par les écoles élémentaires, voire les collèges du secteur. Ces jeunes ne trouvent pas, majoritairement, de places dans les lycées publics de Challans ou des Sables d’Olonne. Ils vont alors vers les lycées de la région nantaise, voire à la Roche sur Yon, ou ils vont vers l’enseignement privé. D’autres choisissent d’autres voies de formation.
C’est donc l’intérêt des jeunes qui, d’abord, justifie notre exigence d’un lycée public dans le Pays de Vie.
Il y a aussi d’autres enjeux.
Notre département est très fortement marqué par le poids de l’enseignement catholique et par celui de l’enseignement patronal. L’enseignement catholique est plutôt dans la concurrence que dans la réponse sociale à un besoin de haut niveau de culture scolaire pour tous les jeunes.
De son coté, l’enseignement patronal profite de l’orientation trop libérale de la politique du Conseil Régional. Il y a autant de jeunes dans les Centres d’apprentissage que dans les lycées professionnels (Environ 30 000). Il a donc du rééquilibrage à faire.
Enfin, la situation de l’école est, bien entendu, fortement marquée, par les politiques nationales.
Au vu de cette situation que proposons-nous?
Il faut investir dans l’école. Afin d’assurer une culture commune de haut niveau pour l'homme, le citoyen, le travailleur d’aujourd’hui et de demain. Ceci suppose une scolarité commune obligatoire de la maternelle à 3 ans jusqu’à la fin du cycle secondaire à 18 ans. La dernière année de ce cycle étant réservée à la professionnalisation.
Il faut repenser les programmes et les pratiques pédagogiques sur le modèle de l’enfant, donc du jeune, qui n’a que l’école pour apprendre. Ainsi, l'orientation dans les filières du lycée, professionnelles, générales et technologiques, se ferait sur la base d'un vrai choix grâce à un niveau maîtrisé, et non plus par défaut.
C’est pourquoi, nous proposons d’agir pour la construction dans le Pays de Vie d’un lycée public porteur d’une haute ambition scolaire, en rapport avec les exigences du 21ème siècle.
Nous proposons un « Lycée tout au long de la vie » qui disposerait d’une « Mention Complémentaire » orientée vers les métiers des écosystèmes maritimes.
Pourquoi cette proposition de « Mention Complémentaire »?
D’abord pour donner une dimension nationale à ce lycée, un peu à l’image du lycée public Léonard de Vinci de Montaigu lui orienté sur les métiers de l’audiovisuel.
Ensuite parce qu’il y a là une opportunité à saisir.
La France dispose du 2ème domaine maritime mondial, avec 11 millions de kilomètres carrés, et du 1er domaine maritime au monde pour sa biodiversité. La protection de l’écosystème marin et le bon usage des ressources de la mer sont au cœur des préoccupations environnementales et alimentaires. Une partie importante du littoral est considérée comme zones humides telles que définies par la convention de Ramsar, convention qui vise à enrayer la dégradation de ces zones ou leur disparition, aujourd'hui et demain, en reconnaissant leurs fonctions écologiques ainsi que leur valeur économique, culturelle, scientifique et récréative.
La mer, les océans, devraient faire l’objet de recherches scientifiques majeures. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. La mer reste encore une « grande » inconnue. Il s’agit d’apprendre, de connaître pour mieux préserver et utiliser les ressources marines, pour le bien vivre humain.
Par ailleurs, la mer subit de plein fouet le dérèglement climatique provoqué par l’activité humaine : réchauffement entraînant la fonte des glaciers, acidification réduisant la biodiversité, hausse généralisée de son niveau…
La mer est aussi victime du productivisme et du capitalisme : urbanisation sans contrôle des littoraux, pollutions, pêche intensive, course à l’extraction des minerais, pétrole et gaz off-shore etc. L’écosystème marin est saccagé au nom de la recherche de nouvelles sources de profits.
Enfin la mer au-delà de ses missions essentielles, la pêche, le tourisme, les transports peut s’avérer comme un enjeu majeur pour la production d’énergies renouvelables durables.
Nous sommes pour une véritable transition énergétique. La mer recèle un énorme potentiel dans ce secteur. Les éoliennes offshores produisent 4 gigawatts dans le monde, soit l’équivalent de quatre réacteurs nucléaires. Nous pouvons faire beaucoup mieux tout en respectant le milieu marin.
Mais les énergies renouvelables marines ne se limitent pas aux éoliennes. Elles sont multiples : hydroliennes, la France dispose de la deuxième ressource européenne ; énergie marémotrice ; énergie houlomotrice, c’est-à-dire l’énergie des vagues ; énergie thermique qui exploite la différence de température entre les eaux de surface et les eaux profondes ; et bien sûr, les algocarburants, issus des micro-algues marines.
Le développement de ces énergies marines doit se faire avec une très grande maîtrise pour ne pas en rajouter à la crise écologique.
Pour réussir ces formidables défis liés à la mer, nous aurons besoin d’ouvriers, de techniciens, d’ingénieurs, de chercheurs, d’organisations écologistes, et ceci en très grand nombre.
Le lycée du Pays de Vie devient alors incontournable.
Pour lui donner encore plus de force, nous agirons pour que ce lycée tout au long de la vie dispose d’un « laboratoire éducatif » en lien avec ce que je viens d’indiquer sur les questions d’énergies marines.
Alors, un « Lycée tout au long de la vie », quèsaco ?
Un lycée qui accueille des jeunes et un établissement de formation qui accueille des adultes.
Nous sommes dans une économie ouverte et globalisée. L’augmentation du niveau de qualification est indispensable aussi bien pour accompagner les évolutions et les mutations technologiques que pour provoquer des changements.
- Nous assistons à une véritable révolution des temporalités sociales des individus. Rien n’est plus comme avant, linéaire ou successif. Les trajectoires des individus, qu’elles soient sociales ou professionnelles, s’entremêlent et sont souvent très complexes.
- Par ailleurs, les temps d’enseignement formels intègrent de plus en plus de phases d’alternance.
La formation reste plus que jamais décisive. Elle est le moyen d’émancipation sociale et culturelle, le moyen d’accessibilité à la citoyenneté.
La durée de la scolarité moyenne atteint actuellement plus de 19 années, mais les efforts de la connaissance sont multiples, avec les médias, l’entourage, la cité. Il y a un fort sentiment de vouloir apprendre à vivre ensemble.
L’Homme est au centre des enjeux du développement durable et il est en situation de responsabilité face à ces enjeux. L’avenir n’est jamais écrit d’avance. L’illusion est tombée comme quoi le progrès scientifique et technique était en mesure de générer naturellement les solutions. Tout ceci renforce l’exigence d’une citoyenneté critique, constructive, responsable.
L’Etablissement de formation tout au long de la vie que nous proposons n’est pas une fatalité, ni un but à atteindre, mais le moyen de construire à tous les âges de la vie une société plus juste, un département et une Région plus justes.
Où et quand ?
Entre le moment de la décision et l’ouverture du lycée aux étudiants, il faut compter au minimum entre 3 et 4 ans. Il faut donc agir vite pour accélérer la décision du Conseil régional et du Rectorat d’Académie.
Le lieu d’implantation doit être défini en commun et prendre en compte les objectifs que l’on assigne à cet établissement. (Question des transports, proximité de la mer…)
Il s’agit bien pour nous, dans le cadre d’un mandat d’élu local de faire des propositions, de les mettre en débat et de lancer aussi des expérimentations.